Le chantre pouvait être un clerc mais aussi un laïc. Cependant, il existe une différence d'apparence et de statut entre les chantres dans une église cathédrale (ou collégiale et dans les chapitres) et les chantres du village.
Les dignitaires d’une cathédrale qui remplissent l'office de maîtres de chœur, divisés en préchantres et souschantres. Ils entonnent et président le chant pendant les messes et offices. Ils portaient une chape, le chapeau pointu français et un bâton cantoral. |
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Le simple chantre du village était normalement un homme avec un certain statut au sein de la communauté. Il savait lire, écrire et compter. Très souvent il était aussi le maître d’école qui devient en effet l’auxiliaire naturel du curé. En portant une chape, il fait fonction de principal chantre posté devant son lutrin, autour duquel parfois d'autres hommes de la communauté paroissiale se sont aussi réunis.
Dans un premier temps, les chantres chantaient direction l’autel, placés au centre du sanctuaire ou sur un jubé, puis, vers le milieu du 19ème siècle sur les « bancs de chantres » et enfin, après 1900, de préférence sur la tribune de l’orgue, si présent.
Dans un premier temps, les chantres chantaient direction l’autel, placés au centre du sanctuaire ou sur un jubé, puis, vers le milieu du 19ème siècle sur les « bancs de chantres » et enfin, après 1900, de préférence sur la tribune de l’orgue, si présent.
Le prêtre menait la liturgie. Dans un sens, le chantre était le « double » du prêtre. Du lutrin il chante les pièces qui sont confiés à lui ; les chants du commun et quelques pièces du propre. À côté du cérémonial et du missel, destinés au prêtre, le graduel fait partie des livres payés et entretenus par la paroisse. Les grands livres de lutrin étant en voie de disparition, et le nombre de chantres allant en augmentant, ces ouvrages sont devenus portatifs, donc de taille réduite. Le chantre possède désormais son propre livre de chant grégorien, signe de son importance sociale.
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Or, dans le courant de la restauration du chant grégorien, le XIXe siècle connaît un vaste mouvement de révision des pratiques. Afin d’imposer cette nouvelle liturgie et le « nouveau chant », on s’adonne à de nombreuses critiques dépréciatives contre les chantres et leur « plain-chant », expression désormais supplantée par celle de « chant grégorien ». En Europe, et surtout en France, le chant des chantres de paroisse est particulièrement visé : « populaire », « grossière », considérée comme la descendante directe de la vox taurina, cette « grosse voix » que François Ier appréciait en son temps est désormais rabaissée au rang des sons venus de l’étable, et ramenée à ce qu’on qualifie de « bestiaire du lutrin ».
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Une nouvelle image idéale de la musique sacrée a émergé qui a pris forme dans un précepte, celle de l’unité de ton, c’est-à-dire l’unité des répertoires, des styles et des pratiques, unité que le Motu Proprio de Pie X (1903) et les éditions de l’Abbaye de Solesmes ont imposées.
Ce Motu proprio recommandait (plutôt imposait) également de prononcer le latin à l’italienne. Jusque-là, le latin se prononçait selon la langue de chaque pays. En France toute la musique sacrée en latin, exécutées avant 1903, était prononcée selon des sonorités telles que nous les retrouvons encore dans le langage actuel : aquarium, maximum, minus, agenda, etc. |
En 1908 une nouvelle Édition Vaticane du graduel voyait le jour ainsi qu’un nouvel antiphonaire, en 1912. Le déclin de l'importance des chantres a déjà commencé à la fin du siècle précédent. Le nouvel élan de l'Église catholique, fortement émancipateur, privilégie les chœurs, accompagnés ou non d'harmoniums.
Après 1965, il n'y avait définitivement plus de rôle pour les chantres.
Après 1965, il n'y avait définitivement plus de rôle pour les chantres.